“La simplicité n’est pas un but dans l'art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s'approchant du sens réel des choses.”
Constantin Brâncuși1
Si vous n’avez qu’une minute :
De quoi on parle : de ma rencontre avec Marianne et Rémi. Si vous voulez savoir ce qu’ils m’ont raconté, vous aurez peu d’infos ici, il faudra écouter l’épisode du podcast :)
La reco du jour : se focaliser sur la collaboration humaine et ce qu’il y a de positif chez nous, c’est une façon de Résister
Le son du jour : Foule sentimentale, la version 2024 par Ramó (avec des paroles un tout petit peu actualisées…)
Pour suivre Symbioses partout et écouter le premier épisode, c’est ici ! Partagez-le s’il vous a plu en cliquant sur le bouton ci-dessous!
Si vous avez 5 minutes :
Ça se passe juste en-dessous ! Bonne lecture !
4 décembre 2024, gare d’Epernay
La première fois que j’ai rencontré Rémi, il était en train de m’attendre dans la gare d’Epernay. Je lui avais dit que j’avais un bonnet bleu, il m’avait envoyé une photo de sa tête: on s’est reconnus tout de suite avec un sourire. Pendant qu’on se dirigeait vers sa voiture, puis qu’on roulait le long d’une route qui collectionnait les grandes bâtisses des différentes maisons de champagne, la conversation s’était lancée, simple et fluide.
En arrivant devant leur maison, on a vu de loin le dos de Marianne qui venait de partir promener Milo, leur chien. C’est la première fois que j’ai vu Marianne.
Août 2024, zone des Milles
4 mois plus tôt, ma collègue Émilie me fait découvrir un restaurant où je n’ai jamais mangé. Il fait chaud, on mange en terrasse, à l’ombre, et on mange très bien. La conversation fait partie de ces conversations géniales, où on saute d’un sujet à l’autre sans perdre en intensité, et à un moment, je lui parle de mon projet de podcast2.
A l’époque, quand je pitche3, je dis “je veux lancer un podcast sur la collaboration humaine, où j’interviewe des binômes qui sont dans des collaborations mutuellement bénéfiques, mais dans plein de situations différentes : au boulot, en famille, en couple, entre amis, dans la musique, etc…si ça te fait penser à des gens, dis-moi!”.
Quand je pitche donc, je ne donne pas le nom du projet, c’est encore trop tôt.
Émilie me répond quelque chose qui ressemble à : “Ah ben tu vois, ça me fait penser à ma sœur et son mari. Tous les deux, ils sont vraiment en symbiose : ils bossent ensemble, ils travaillent ensemble, ils construisent leur maison autonome ensemble…”
J’adore l’idée, et surtout, j’adore le fait que le mot de symbiose ait été prononcé, sans que ça vienne de moi. Je crois que je fais preuve immédiatement d’un enthousiasme assez prononcé.
J’avais vraiment envie d’interviewer un couple dans le podcast, mais sachant que je me suis mis la limite de ne pas interviewer des couples d’amis que je connais déjà, ça me paraissait mission impossible de réussir à trouver un couple prêt à raconter son histoire à quelqu’un qu’il ne connait pas.
Et pourtant, Emilie, Marianne et Rémi ont rendu cette mission possible.
4 décembre 2024, quelque part dans la Marne
C’est donc la première fois que je rencontre Rémi et Marianne, c’est la première fois que j’installe mon matériel devant des inconnus, et la première fois que j’enregistre des gens à qui je n’avais jamais parlé quelques heures plus tôt.
Je ne vous cache pas que plusieurs fois, j’ai eu des petits moments de doute, alternant entre le “tiens si je listais tout ce qui pourrait mal se passer” et le “c’est pas risqué de partir à l’autre bout de la France chez des gens que t’as jamais vu?” .
Mais une fois sur place, le doute s’est envolé, laissant place à un naturel désarmant et une spontanéité toute simple. J’espère que ça s’entend dans l’épisode.
Et voilà, quelques heures plus tard, me voilà de retour dans le train avec une première interview dans la boite !
Premier épisode
Cette interview, elle va me demander du sang et des larmes au montage (vous vous souvenez de quand vous appreniez à écrire les lettres bien posément dans vos cahiers de primaire ? Imaginez à peu-près la même chose du coup, en le comparant à votre niveau d’écriture aguerri d’aujourd’hui, et vous aurez une idée de l’écart qu’il y a entre ma vitesse de montage actuelle et ma vitesse de montage rêvée, celle que je constate quand je vois Fanny monter ses épisodes par exemple). Mais enfin, l’épisode est là, et je suis très fière de le présenter aujourd’hui, comme première étape d’un long projet.
Pendant l’interview, Marianne a dit une phrase très juste : “un projet, ça met dix ans à se mettre en place”.
Marianne, c’est l’experte en végétaux du binôme, c’est sa passion, elle fait de la permaculture, de la gestion d’espaces verts, et elle travaille dans le domaine agricole depuis une vingtaine d’années. Quand elle parle de mise en place de projets, elle parle du fait de faire pousser ses racines. Et j’ai confiance dans sa qualité d’experte sur le sujet.
J’aime bien cette image des racines qui poussent, sous la surface visible : elles correspondent à ce qui se passe avec ce premier épisode.
Pour un épisode déjà sorti, il y en a 2 enregistrés qui attendent d’être publiés, et 4 autres interviews prévues sur janvier. Bref, la machine est lancée, et il y a beaucoup de choses qui se passent en sous-marin…
J’ai envie de souhaiter que les racines de Symbioses soient suffisamment solides pour soutenir une belle croissance par la suite, et que le binôme présenté en amène d’autres, que cet épisode en inspire plein de suivants, que les suivants soient aussi riches et diversifiés que possible, et pour finir, le plus important au final : que cet enregistrement vous permette de passer un moment au moins aussi bon que celui que j’ai passé en compagnie de Rémi et Marianne.
On pourrait penser que Symbioses est un projet qui ne met en avant que des histoires positives.
C’est vrai, c’est d’ailleurs le concept.
Je ne cherche pas, en revanche, à édulcorer les histoires qu’on m’amène, ou à m’affranchir de parler de moments de tension ou de difficultés. Souvent, ce sont plutôt les interviewés eux-même qui ont tendance à passer dessus (phénomène que j’espère continuer à explorer dans les prochaines interviews!).
Être créatif, ce n’est pas fuir la réalité, c’est la transformer à coups d’idées et d’actions.
La joie n’est pas une faiblesse, c’est un acte de résistance.
J’ai conscience que ce type de discours expose à un procès en idéalisme et en naïveté. Je suis convaincue que la joie est quelque chose d’infiniment sérieux. Ce sentiment, loin d’être mièvre, est une réponse subversive à un système qui tente de nous isoler en jouant sur nos peurs.
Dans une société où la peur devient le meilleur moyen d’accéder au pouvoir, la confiance en l’avenir et la joie que nous éprouvons à être ensemble sont des armes dont nous ne pouvons pas nous passer […].
Salomé Saqué, Résister, 2024
La recommandation du jour, c’est donc le livre de Salomé Saqué, Résister, qui se conclut sur cette citation sur la nécessité de véhiculer des émotions positives sur le vivre ensemble pour continuer à faire vivre la possibilité d’un modèle de société qui me tient à coeur. C’est aussi l’essence du projet de Symbioses.
Marianne et Rémi sont des gens simples. “Tout simplement”, “c’est simple”, “simplicité”, ces mots sont revenus plusieurs fois pendant l’interview. J’avais au départ une autre chanson en tête pour illustrer cette épisode, et puis j’ai entendu celle-ci alors que la publication était déjà prête, et j’ai eu un coup de cœur, car elle résume très bien leur approche de la vie: pas de superflu, de l’essentiel et des moments de vie heureuse.
Vous la connaissez probablement déjà, mais Ramó a rajouté quelques petites références contemporaines qui me paraissent très justes.
Je vous souhaite une belle écoute, et j’ai hâte d’avoir vos retours sur ce premier épisode.
Vos likes, petits mails et commentaires me sont très précieux, donc je vous invite à interagir avec cette newsletter pour continuer à m’encourager dans cette direction!
A bientôt,
Amandine
Point culture : Brâncuși a attaqué en justice les Etats-Unis d’Amérique sur ce qu’est l’art (et a gagné). Si vous voulez en savoir plus sur ce procès qui a changé l’approche sur l’art au 20ème siècle, je vous conseille de lire la BD “Brancusi contre Etats Unis” qui explique très bien tout ça.
Une pensée pour mon amie Camille qui m’a dit en octobre : “A quoi tu reconnais quelqu’un qui a un podcast? Eh bien, il t’en parle tout le temps.”
Si vous avez des boutons à la lecture de cet anglicisme, je vous prie d’accepter mes excuses
Coucou Amandine,
Ravie de recevoir cette première publication !
Comme à ton habitude, l'écriture est fluide, simple et pour autant riche et on ressent vraiment la sincérité ce qui rend à mes yeux le message plus impactant.
Perso je l'ai reçu dans mes indésirables et j'ai bien failli le supprimer car le titre ne me parlait pas et ton nom n'est visible qu'à la fin.
Je lirai les suivants avec plaisir ☺️
Merci Aurélie ! Hâte de savoir ce que tu as pensé de l'épisode du jour 😀 à bientôt !